Et maintenant, on fait quoi, Simon?
Entre sœurs de survie, on se reconnait. Je lui disais de prendre la fuite, mais elle n’était pas prête. C’est comme ça. Il ne faut pas juger. Mais quand mon amie sibylle s’est enfin ouverte, quand elle s’est dite prête, je lui ai donné le numéro, la marche à suivre « Tu appelles là, tu prends tes enfants, le minimum, tu y vas ».
Elle a ramassé son courage et ses marmots, elle est allée se réfugier, elle a fait ce qu’il fallait faire. Une vraie Amazone, une maman lionne. Je suis si fière d’elle! Parce que comme dans les livres, son ex avait bien pris soin de ratatiner sa confiance en elle. Mais elle a tout laissé derrière elle. La grosse maison, le VUS, les milles et un luxes que monsieur avait financés à même ses REER à elle. Elle est partie vivre dans un petit appartement, les enfants dans la même chambre, sa perruche est mieux logée.
Aujourd’hui, ça fait quatre ans et des poussières, mais les poussières, elles ne retombent pas.
Il y a bien eu la police, des ordonnances, des jugements, il n’en a respecté aucun. Que ce soit pour les enfants ou pour l’argent, il vole au-dessus de tout. Il vole, oh oui il vole. Ses économies, sa santé, sa cote de crédit, la sécurité psychologique de ses enfants, leur avenir affectif, rien ne le rassasie.
Plusieurs signalements ont été faits à la DPJ, qui a fini par statuer que monsieur faisait subir de la maltraitance psychologique aux enfants. Mais notre beau système lui a laissé la garde partagée parce qu’une imminence grise a jugé que c’était mieux pour les cocos de garder un lien avec papa. Ok.
Mais la garde partagée, Simon, ça veut dire l’accès total à ma douce amie. L’autre fou la tire et la pousse, la poursuit le lundi pour la pluie, le mercredi pour sa calvitie et le dimanche pour la faible performance de ses placements. Il exige ceci, refuse cela, s’oppose, réfute, facture, insinue, menace et change les règles comme il change d’humeur.
Tu vas me dire que c’est un cas isolé, que monsieur a de graves troubles de santé mentale, que si sa mère sénile ne subventionnait pas ses frais d’avocat, tout ça n’arriverait pas. Mais c’est drôle, j’ai trois autres amies qui sont dans une situation drôlement similaire. Donc c’est 3-0 pour moi. Oui, tu as fait codifié la violence judiciaire, et on a fait des pas sur le contrôle coercitif. Alors pourquoi mes amies tombent systématiquement entre les mailles?
Donc maintenant, on fait quoi, Simon?
Laisser l’accès aux enfants à un ex-conjoint violent, c’est comme donner un permis de port d’arme à un schizophrène. Amour aux schizophrènes, en passant, ce n’est rien de personnel.